Thomas Piketty, économiste superstar du moment aux Etats-Unis, soutient la thèse que le capital capte une part toujours plus grande des revenus, au détriment des salariés. Et si on ne fait rien, cette répartition inégale des richesses va continuer de se creuser au détriment de la croissance. C’est du Marx revisité. Le constat de Piketty donne aussi une piste de compréhension des défis qui se posent aujourd'hui à la politique monétaire. Depuis quelques mois, les banquiers centraux s'interrogent devant la faiblesse de l'inflation. Malgré la reprise, celle-ci reste faible. Cela peut être les bas prix de l’énergie ou le chômage ou encore l’ajustement du coût du travail. Durant la crise, les salaires sont restés stables mais avec la sortie de crise et les profits qui se redressent, les salaires stagnent. En fait, les entreprises utilisent leur argent pour se reconstituer du cash au lieu de le réinvestir. Le phénomène ne peut durer car une chose est sûre : lorsque les profits augmentent durablement plus vite que les salaires réels, la demande des ménages s'affaiblit. Et avec elle, les prix. Voilà en partie pourquoi l'inflation reste aujourd'hui aussi basse dans les pays industrialisés. La déformation du partage des revenus identifiée par Piketty nourrit des pressions déflationnistes. Les banquiers centraux ont raison de soutenir massivement l'économie le temps que les choses reviennent à la normale. Mais si la déformation des revenus s'installe, comme le pense Piketty et bien d’autres, il va falloir convaincre les entreprises d'utiliser leur surcroît de profits pour investir ou augmenter les salaires. Comment ? Piketty suggère de taxer le capital au niveau mondial ! À moins que quelqu’un d’autre ait une autre idée ?
Lundi 5 Mai 2014
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