"Ricardo, reviens! Ils sont restés keynésiens", c’est le titre du livre de l’économiste Jean-Marc Daniel. Pour lui, « nous ne traversons ni une crise de l’économie de marché, ni du capitalisme, mais une crise de la politique économique ». L’universitaire ose écrire que « la crise ne vient pas de la folie des banques », mais de l’arbitraire de l’Etat dominant. Les politiques keynésiennes ont fait exploser la dette publique américaine et les dirigeants américains l’ont vendu à l’étranger et en créant de la monnaie sans limites. Son analyse de la perte d’efficacité keynésienne part des observations suivantes ; les bas taux d’intérêt ne créent pas de croissance. Leur seul mérite est d’alléger le coût de la dette à un moment où les déficits budgétaires explosent. Car l’outil de référence demeure budgétaire et la politique monétaire lui est subordonnée.
Sous l’angle plus théorique, le critère fondamental qui oppose Ricardo à Keynes, c’est l’approche du temps, selon l’auteur. La comparaison nous offre alors la partie la plus instructive de l’ouvrage. Keynes sacrifie en effet le futur à l’immédiat. Il espère que le temps effacera les problèmes. Avec Ricardo, la politique budgétaire sert au contraire à régler les problèmes du long terme (formation, infrastructures). Il se concentre sur la qualité de la dépense et son action sur l’offre. Pour Ricardo, l’action de l’Etat consiste à renforcer la concurrence, créatrice de croissance et de richesses. Mais l’Etat n’est pas une entreprise. S’il commet des erreurs, il laisse aux autres le soin de payer les dettes.
Pour le long terme, c’est la politique monétaire qui doit occuper les premières loges et mettre en place les conditions de la croissance. La France ne souffre pas d’un problème de compétitivité, mais de productivité. Le coût du travail est passé de 100 en 1998 à 153 fin 2011 tandis que les prix à la production étaient montés à 120 et la productivité à 115. La croissance faiblit de cycle en cycle.
La solution « ricardienne » de l’auteur passe par la combinaison d’une baisse des dépenses publiques et d’un accroissement du PIB par une politique de l’offre. Il propose un allégement des dépenses de transferts sociaux, la réduction de la masse salariale dans la fonction publique surtout dans l’éducation où la France a créé une sorte de prolétariat cognitif et la mise sur le marché de jeunes aux qualifications imprécises. La solution ne passe pas davantage par une hausse d’impôts, sachant que le taux de prélèvements obligatoires atteint déjà 44% du PIB et celui des dépenses publiques 56% du PIB. Sur les recettes fiscales, il propose une réorientation de l’imposition des ménages vers les externalités afin d’accroître la fiscalité verte (à peine 2% du PIB), en remplaçant les impôts indirects par une taxe carbone. Et il l’accompagnerait d’une baisse de l’impôt sur les sociétés à 15%. Enfin, comme l’Etat français n’a pas vocation à se faire producteur, la dette devrait être apurée en vendant des actifs.
La croissance par la concurrence et l’investissement ou le déclin par le déficit public : il faut aujourd'hui choisir.
Jeudi 9 mai 2013
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