L’association des Acteurs de l’hébergement et du tourisme professionnels (AhTop), créée en juillet 2015, qui revendique 30 000 adhérents, surtout parmi les hôteliers et les agents de voyage a décidé de combattre la concurrence, jugée déloyale, des plates-formes Internet de location d’appartements pour touristes. Elle en a recensé 127, dont, bien sûr, les spécialisées Airbnb ou Abritel, mais désormais également des généralistes comme Leboncoin, SeLoger, Booking.com. Ce jeudi 23 juin, AhTop abat plusieurs atouts dans la partie serrée qu’elle joue contre elles. Sont visés des multipropriétaires, à l’origine d’un tiers des annonces en France, par exemple celui dont le pseudo est « Fabien », qui met en ligne 257 logements et agit donc en véritable agent immobilier professionnel. Il y a aussi des annonceurs qui prétendent louer leur résidence principale, alors qu’elle ne l’est pas, ou qui dépassent allègrement les cent vingt jours de location annuelle autorisés par la loi pour l’accès au logement et à un urbanisme rénové. A Paris, les 41 000 adresses proposées sur le site Airbnb sont, à 88 %, des logements entiers, et 67 % ne respectent pas la réglementation parisienne. Les syndicats d’agents immobiliers alliés à AhTop contestent, eux, que cette activité soit exercée sans aucune des obligations qui sont les leurs : carte de gestion, caution financière, assurance de responsabilité civile… Ils constatent également que 25 % des baux d’habitation sont ainsi « hôtellisés », c’est-à-dire transformés en meublés touristiques, ce qui assèche le parc locatif classique. L’Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne avait déjà recensé 20 000 logements locatifs privés disparus entre 2011 et 2014. Un autre angle d’attaque d’AhTop est la fiscalité, en premier lieu celle des plates-formes. Si Abritel paye des impôts sur son activité en France, ce n’est pas le cas d’Airbnb France, qui n’y embauche que 25 employés et, malgré ses commissions estimées à plus de 150 millions d’euros. Quant au revenu des loueurs, qui sont seulement 15 % à les déclarer, AhTop propose que les plates-formes soient tenues d’en transmettre les données au fisc. La bataille se joue également au plan législatif, avec l’adoption de la loi sur le numérique, qui, après une première lecture à l’Assemblée et au Sénat, arrive en commission paritaire mercredi 29 juin. Les hôteliers soutiennent quatre amendements : l’obligation de s’immatriculer comme loueur auprès de sa mairie dans les agglomérations de plus de 200 000 habitants qui l’instaure ; le contrôle obligatoire de la qualité du loueur, propriétaire ou locataire autorisé par son bailleur ; la transmission des données sur les revenus perçus au fisc ; le blocage des annonces des loueurs qui ont dépassé les cent vingt jours légaux.
La guerre est vraiment ouverte contre Airbnb et consors.
Les commentaires récents