Deux ouragans ont touché les rivages américains durant le week-end. Ike s'est abattu sur le Texas. Celui qui a dévasté Wall Street ne porte pas encore de nom. Mais on sait d'ores et déjà qu'il est l'un des plus violents jamais subis par la finance mondiale, avec la mise en faillite de Lehman Brothers, la cinquième banque d'affaires des Etats-Unis, et le rachat dans l'urgence du géant Merrill Lynch par Bank of America pour 50 milliards de dollars.
Toutes les tentatives menées samedi 13 et dimanche 14 septembre pour sauver Lehman ont échoué. Le dernier candidat à une reprise - la banque britannique Barclays - a finalement jeté l'éponge, faute d'avoir pu obtenir une aide financière de la Réserve fédérale américaine (Fed). En mars, la Fed avait pourtant fourni 30 milliards de dollars à JP Morgan pour racheter Bear Stearns. Il y a tout juste une semaine, elle avait annoncé la nationalisation de Freddie Mac et Fannie Mae, les deux piliers du financement immobilier aux Etats-Unis.
Mais cette fois, rien. La Fed s'est montrée inflexible. Pas question que le contribuable américain verse un dollar pour sauver cette banque privée, aussi prestigieuse soit-elle. Pas question de solliciter l'argent public pour effacer l'ardoise laissée par des investissements hasardeux.
Ce changement d'attitude de la Fed ne s'explique pas seulement par la volonté des pouvoirs publics américains de faire un exemple et de punir les spéculateurs. De fait, la Fed ne pouvait continuer à voler au secours de tous les établissements financiers du pays en difficulté sans risquer d'entamer sa propre crédibilité, et avec elle celle de la qualité de la dette des Etats-Unis, sur la scène financière internationale. Etant donné la dépendance de l'Amérique aux capitaux étrangers, notamment asiatiques, pour financer ses déficits publics, un tel risque était inenvisageable.
Mais celui pris en laissant sombrer Lehman Brothers n'est pas mince non plus. Compte tenu de la globalisation financière, ne va-t-on pas assister à des défaillances en chaîne, même en Europe ? Plus personne ne sait combien de temps encore la tempête des subprimes va continuer à ravager le système bancaire mondial.
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