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Malheur à ceux qui jouent les Cassandre

     On avait prévu le pire. En réalité, la croissance de l'économie française a atteint 1,7% en 2011, ce qui n'est si mal, compte tenu de la conjoncture actuelle. Au quatrième trimestre, nous sommes aussi positifs de 0,2%. En 2010, l'économie française avait progressé de 1,4 %. Tout n'est pas parfait car on connaît les risques économiques et bancaires de notre monde. Mais quand même ! Eh bien imaginez vous que tout le monde n'est pas content. Certains journalistes disent que ce n'est pas assez, d'autres affirment que cela cache d'autres déficits, enfin les derniers crient haut et fort que la catastrophe est devant nous.

     Sacrés prophètes économistes ! Prévoir n'est pas facile, et chaque remarque a peut être du vrai, mais en attendant, réjouissons nous. Néanmoins, dans la foulée, la Banque de France a sorti son évaluation pour le premier trimestre 2012 en estimant que celle-ci devrait être nulle. Remarquez, la même institution avait confirmé récemment que la prévision pour le quatrième trimestre devait être aussi à 0, ce qui prouve que tous les experts se trompent.

     Je vous rappelle que la notion de récession, c'est lorsque le Pib se contracte deux trimestres de suite. Donc je vous le dis : nous ne sommes pas en récession. Malheur à ceux qui jouent les Cassandre.

Un hôtel n'est pas un immeuble !

     La vente d'hôtels murs et fonds n'a selon moi rien à voir avec de l'immobilier. Tout d'abord, on achète un outil de travail donc avant tout une rentabilité. Ensuite, même si je l'entends parfois, il est difficile de caler le prix des murs d'un hôtel sur le prix du mètre carré. J'ai déjà vu des propriétaires déconnecter librement le prix du fonds du prix des murs en disant le fonds vaut tant selon les règles du marché et les murs valent tant parce que le marché immobilier donne tant.

     C'est une vision simpliste. On peut néanmoins accréditer un tout petit cette thèse pour expliquer que dans certaines villes comme Paris et d'autres certainement, un hôtel murs et fonds vaut plus cher qu'à Bourges. Je mets beaucoup de réserves car d'après moi, seul la pérennité du taux d'occupation peut influer tel ou tel prix. Mais on ne doit pas totalement exclure cette thèse immobilière.

     Je crois surtout que lorsque le propriétaire en province parle ainsi, c'est qu'il justifie son prix haut et qu'hélas, il ne tient nullement compte du marché. Certes, pour un hôtel, un immeuble cossu est plus attrayant qu'un immeuble mais il faut tenir compte de facteurs comme état, entretien, fonctionnalité, travaux à faire, normes électriques et j'en passe et des meilleurs.

     Il faut donc un peu beaucoup de discernement pour faire la part des choses car ce n'est pas si simple. Une seule chose est sûre : un hôtel n'est pas un immeuble !

Une entreprise : c'est 3 chiffres

     Une entreprise, c'est au niveau des chiffres trois choses : un Chiffre d'affaires, des Charges, et une Trésorerie. Si on oublie cela, on oublie tout. Comment faire pour avoir plus de chiffre d'affaires, avec des charges maîtrisées, et comment maintenir ma trésorerie pour faire face à des imprévus, des investissements ou tout simplement dégager des marges de sécurité. Tout est dans l'historique et dans la prévision.

     Ne vous y trompez pas, tous les hôteliers connaissent le schéma par coeur. Alors messieurs les acheteurs, quand demain vous allez regarder les comptes d'un hôtel, regardez l'évolution de ces trois chiffres sur 2 ou 3 ans. Le chiffre d'affaires est le plus " comestible ", car il est compréhensible. Pour les charges, c'est plus " hard ", car il faut reprendre le résultat d'exploitation et enlever toutes les charges non récurrentes, les charges ne générant pas de sorties de cash, les charges liées aux exploitants, et même le loyer. Si vous arrivez à un niveau de charges entre 45% et 50% du Ca, c'est que vous êtes bon. Regardez maintenant la trésorerie. Elle est obligatoirement positive. Si elle ne l'est pas, c'est qu'il y a un problème.

     Normalement, vous devez être capable de faire le test en 5 minutes.

     Si vous n'y arrivez pas, pas grave, je suis là, et chez moi c'est gratuit. Moi je vends des hôtels, et tous mes conseils, comme mon blog, sont pour vous, rien que pour vous, et je ne les vends pas.

Philippe Baumard et " le vide stratégique "

    À noter le très bon livre de Philippe Baumard sur " Le vide stratégique ", relayé par un article du journal Le Monde de Philippe Arnaud.

    L'hypothèse de départ, c'est celle d'une rationalité limitée des principaux acteurs qui naviguent à vue. Le vide stratégique ne s'est pas révélé à nous un matin nous dit l'auteur. Il est le produit d'une lente construction qui a remplacé l'art de la stratégie par l'art de la tactique. Synonyme d'ignorance et de défaillance, ce vide empêche de penser le futur et conduit à un abandon du réel. Une des raisons est ce que l'auteur appelle " l'incongruité auto-infligée ", qui est le symptôme d'une société qui n'apprend plus rien de ses échecs.

    Nous répétons nos erreurs et faisons " plus de la même chose ". Les gens sont en " béatitude technologique " et participent à " une nouvelle économie hystérique " dont emballement et affolement sont les deux supports. Philippe Baumard ajoute que " si ces périodes de vide stratégique sont déplaisantes, elles coincident aussi avec des prises de conscience décisives ". À méditer...

Frigorifié, comme le marché

    Je pense que tout le monde va y perdre son latin. Incontestablement, le marché est comme le temps, très refroidi. Franchement, si vous n'avez pas d'argent ou si vous n'êtes pas professionnel, laissez tomber ! Les banques sont de plus en plus circonspectes sur le secteur de l'hôtellerie restauration. Les taux varient d'un dossier à l'autre et cela montre une grande fébrilité. D'un côté, je suis agréablement surpris quand même de voir sur un dossier assez " hard ", une banque financer le projet, et ce sur 20 ans pour les murs et 10 ans pour le fonds, avec c'est vrai des taux assez élevés.

    D'un autre côté, je suis aussi étonné dans le bons sens, de voir les banques casser les taux, rien que pour avoir le dossier. Il n'y a plus de règle absolue. Le dossier et sa qualité, le parcours du repreneur, son âge, et surtout son apport, avec deci delà la fortune régionale de la banque, font qu'on peut y arriver. Cela fait de plus en plus de conditions à remplir, mais pour le moment, tous mes dossiers sont financables et financés. Ce n'est pas le cas pour tout le monde et selon moi, l'avis de tempête est encore pour demain, il va falloir penser à s'abriter !