Les travailleurs dépensent ce qu'ils gagnent. Les entrepreneurs gagnent ce qu'ils dépensent.
Gilbert Abraham-Frois
Vendredi 28 Février 2014
Les travailleurs dépensent ce qu'ils gagnent. Les entrepreneurs gagnent ce qu'ils dépensent.
Gilbert Abraham-Frois
Vendredi 28 Février 2014
La question n’est pas nouvelle mais la réponse est toujours différente. A quoi servent les économistes ? Joseph Stiglitz avait avoué que « Les économistes ont fourni le cadre intellectuel utilisé par les régulateurs financiers pour justifier leur inaction. La théorie économique est devenue un monde autosuffisant, une fausse représentation de la réalité. Un propos repris par le collectif des Economistes atterrés, pour qui la plupart des experts qui interviennent dans le débat public le font pour rationaliser les politiques de soumission aux exigences des marchés financiers. Peut-on faire confiance aux économistes ? Repenser l’économie ? Vient de paraître un nouvel ouvrage d’une sociologue, Mariana Heredia, qui livre une réflexion à la fois originale et décalée sur la corporation. Face à la toute-puissance du discours économique, dit-elle, la sociologie, court le risque de se condamner elle-même à la « nostalgie » et à la « résistance ». Elle risque « de méconnaître ce qu’il y a d’original et de productif » dans le « nouvel esprit du capitalisme », pour reprendre l’expression du sociologue Luc Boltanski. Pourquoi les économistes sont omniprésents aujourd’hui, et pourquoi l’emprise des sciences économiques est, selon l’auteur, si extraordinaire ? A quoi sert un économiste ? Et le singulier est important. A produire du discours économique ? Mais son travail n’est pas seulement de « l’ordre du discours ». Si la science économique a réussi à dominer le monde, c’est qu’elle est imbriquée dans un dispositif, celui de technologie de gouvernement qui structure matériellement nos existences.
Premièrement, la victoire du discours économique dominant n’est pas le résultat d’un complot : « L’ordre libéral n’est pas la conséquence d’un projet univoque, longuement élaboré par les dirigeants politiques. » Le néolibéralisme ne correspond pas à une restauration du pouvoir des classes dominantes. Ceux qui étaient au pouvoir naguère ne sont pas toujours ceux qui ont gagné le plus aux transformations du système, insiste la sociologue, pour qui il faut rejeter l’idée d’une tyrannie des experts, comme celle d’une guerre des classes.
Deuxièmement, le triomphe des économistes n’est pas idéologique, au sens traditionnel du terme. « L’influence de Milton Friedman et de Gary Becker est désormais perceptible moins dans les ouvrages classiques que dans la sophistication des dispositifs qui structurent les marchés financiers et qui encouragent la marchandisation toujours plus grande du monde ».
Dans la période récente, les économistes ont été « un recours pour des élites perplexes ». « Face au tout est politique des années 1970, les économistes ont contribué à effacer les limites entre science et politique, entre le monde et les nations, dans la construction et la stabilisation d’un nouvel ordre dans lequel tout semble se plier à l’économique », note l’auteur. Leurs interventions ont permis de transformer une crise d’autorité en crise économique. Dans une interview de 1976, Michel Foucault affirmait : « Nous sommes entrés dans un type de société où le pouvoir de la loi est en train non pas de régresser, mais de s’intégrer à un pouvoir beaucoup plus général, celui de la norme. » C’est une intégration de ce type qu’incarne aujourd’hui, selon Mariana Heredia, la figure de l’économiste. Une figure singulière !
Jeudi 27 Février 2014
La concurrence est la grande force, la principale du monde économique. C'est la force à la fois implosive, régulatrice et coordinatrice par excellence. En dehors d'elle, il n'y a que chaos, arbitraire, fantaisie, incertitude.
Paul Leroy-Beaulieu
Jeudi 20 Février 2014
Jeff Hawkins, en 2005, dans son livre « Intelligence », avait proposé une nouvelle manière de percevoir la façon dont fonctionne le cerveau humain. Selon lui, celui-ci n'est pas une machine de Turing qui manipule des symboles selon une table d'instructions internes, mais il montre que le cerveau est, au contraire, un vaste système de mémoires hiérarchisées, qui enregistre constamment ce qu'il perçoit et prédit ce qui doit advenir. Le cerveau fait des prédictions en établissant des similitudes entre des séquences d'informations sensorielles récentes et des expériences passées stockées dans la mémoire. C’est un concept similaire à la fonction de saisie semi-automatique. Le cerveau est donc une machine inductive qui prédit l'avenir en trouvant des similitudes, à différents niveaux, entre le présent et le passé. Selon l’économiste Ricardo Hausmann, cette nouvelle manière de percevoir le fonctionnement du cerveau a des implications importantes dans celui du développement économique et des stratégies pour y parvenir. Par définition, le développement n'est pas la répétition d'un état donné, et le processus de développement comprend l'intégration et la combinaison de nouvelles capacités de façon à pouvoir mener à bien des activités plus variées et plus complexes. Cependant l'approche classique du développement économique est analogue à une machine de Turing ; elle tente de définir un modèle général du monde, reposant sur des principes fondamentaux. Mais le monde est souvent trop complexe et subtil pour une telle approche. Ne serait-ce pas une amélioration substantielle si, en étudiant un endroit précis, nous pouvions avoir à l'esprit toutes les expériences précédentes de la planète et identifier automatiquement les plus pertinentes d'entre elles, de façon à pouvoir en déduire les prochaines étapes ? Ne serait-il pas utile d'entrevoir les possibilités de développement tout comme notre cerveau voit le monde ? Une approche différente du développement économique consisterait à compiler une importante quantité de données et à se demander quelle voie aurait la plus grande chance de réussite dans un pays ou une ville à un moment donné, à la lumière de ce qui y existe déjà et des expériences réalisées à cet endroit et ailleurs. Ce serait un peu comme un système de recommandations. L'idée d'analyser les expériences passées pour dégager une perspective d'action future est aussi vieille que la civilisation. Selon Ricardo Hausmann, on devrait pouvoir faire mieux encore en inventoriant davantage d'expériences, et plus en détail, à l'aide d'une mémoire beaucoup plus vaste capable de trouver un nombre bien plus important de situations dans un éventail également plus grand d'expériences humaines. Tout comme les technologies de réalité augmentée enrichissent notre perception du monde, mettre toutes les expériences mondiales de développement à la disposition des acteurs du développement est à présent parfaitement faisable.
Mercredi 19 Février 2014
A long terme, nous serons tous morts.
John Maynard Keynes
Jeudi 13 Février 2014
Si j'apprenais que la fin du monde est pour demain, je planterais quand même un arbre dans mon jardin, nous disait Martin Luther. Il faut avoir cet optimisme pour lire quatre spécialistes du déclin.
Clive Hamilton, économiste australien, dit 3 choses : Il est trop tard pour empêcher l'évolution du climat. L'obsession pour la croissance pousse à adopter différentes formes de déni, et à éviter des vérités qui dérangent. Enfin, il faut se préparer d'ores et déjà aux conséquences économiques de ce fatal bouleversement. Son message est tant que nous espérerons que la croissance nous tirera seule d'affaire, nous n'agirons pas.
Jacques Lesourne, économiste français, affirme que le spectre de la décadence hante l’Europe. Que sera sa trajectoire future ? Vivra-t-elle une vieillesse pacifique et dorée ? S'enfoncera-t-elle dans une décadence chaotique ? Prolongera-t-elle sa vitalité grâce à un dynamisme retrouvé ? Son message est que l’Europe, sans jamais devenir un État fédéral restera une cathédrale inachevée.
Nicolas Baverez, économiste français, lève le voile sur le futur. Il y voit une nation à la marge, prolétarisée, écartelée entre les très riches et les très pauvres, et dotée d'un Etat en faillite. Son message, c’est que le déclin français sera inéluctable, si notre pays choisit de rester enfermé dans un déni de la réalité.
David McNally, économiste canadien, affirme que la crise actuelle sonne le glas de la période d'expansion néolibérale qu'ont connue les économies capitalistes depuis les années 1980. Il s'attache à appréhender la signification historique de la financiarisation de l'économie. La crise est un moment de transformation dans l'histoire économique. Son message est de dire que la ré-ingénierie catastrophique de l'ensemble de l'ordre social était un phénomène généralement réservé aux Etats du tiers-monde. Aujourd'hui, ce sont les nations du centre capitaliste qui sont sujettes à des restructurations traumatiques qui ne font que commencer.
Mercredi 12 Février 2014
Ainsi, la valeur n’est pas inhérente aux biens, elle n’en est pas une propriété. Elle n’est pas une chose indépendante qui existe en soi. C’est un jugement que les sujets économiques portent sur l’importance des biens dont ils peuvent disposer pour maintenir leur vie et leur bien-être. Il en résulte que la valeur n’existe pas hors de la conscience des hommes.
Carl Menger
Samedi 01 Février 2014
Un HEC Arthurien qui croit que la valeur n'est pas le prix
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